Escapade crépusculaire mélancolique

#hamamélis
#revuetcorrigevingtansapres

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Ce soir-là, un homme las,

si longtemps empreint de solitude sans avoir pu s’y habituer pour autant,

prend la nonchalante décision de sortir flâner sans but…

Le jour décline…

Le soleil s’efface timidement pour laisser le ciel se couvrir inexorablement d’un épais voile nocturne …

Refermant la porte derrière lui… inspiration profonde… aaahhh…

Devant lui, un crépuscule singulier l’attend … longue expiration… tentant de chasser sa sempiternelle lassitude…

Vague à l’âme, il entame son escapade nocturne… Remontant les rues, franchissant une sombre ruelle, il franchit un parc, emprunte un sentier, bifurque, traverse, enjambe, dévale… puis… arpente un chemin en bordure d’un petit bois, bordé de roches et de quelques buissons épineux aux baies d’une couleur pâle accentuée par la clarté blafarde de la lune ce soir-là…

Le vent, léger, rafraîchit l’air encore lourd d’une journée généreusement ensoleillée.

Encore une fois, il s’est démené pour faire ses preuves… celles qu’on lui avait enfin permis de faire… mais… si partiellement… reconnu, enfin… qu’importe… en cet instant…

Pensif, il s’enfonce dans le petit bois… à l’écoute…

Le chant des grillons, quelques cris d’oiseaux, le bruissement du feuillage sous la caresse d’une légère brise, et le martèlement presque régulier de ses pas rythment son aventure solitaire d’un soir…

Errant au gré des sentiers forestiers, toujours il songe… mélancolique…

De pas en pas, il se laisse envahir par l’air rassérénant de cette nature isolée, loin de la ville et de ses préoccupations si artificielles…

Levant la tête vers le ciel, laissant aller son regard et son esprit vagabonder au gré de l’éclat de la lune en croissant tout juste esquissé, halo argenté, flottant parmi une pléiade d’étoiles environnantes aux lueurs si variables… cette sensation de calme… l’apaise…

Non loin, un bruit de roues et pédalier, une bicyclette probablement…

Sur un rocher, il s’assit quelques instants.

Avec du recul, le déroulement de sa fastidieuse journée défile devant lui…

Puis… Il songe à elle… Un tel gâchis… Tant d’incompréhension…

Sur sa joue fraîche, larme naissante, ses lèvres tremblent.

Il serre les poings, maugréant…

Le regard vide… il se saisit d’une pierre traînant non loin de ses pieds, l’observe, puis de dépit et rage la jette au loin.

“Aïe…” réagit le buisson victime…

Ses muscles se contractent, un frisson le parcourt.

Fertile imagination que la sienne ? … ce bruit…

… une ombre à peine perceptible se lève derrière le buisson… Soupir féminin…

Selle enjambée, deux roues s’animent, une improbable présence en cette heure file en un instant, pédales sous pression, avant même qu’il ne réalise…

Il tente de s’approcher … Mais trop tard…

“Hé !!” s’exclame-t-il d’une voix mal assurée… “ Qui…” … hésitant… “… êtes… vous ?…”… .. .

Nulle autre réponse que… le hululement désapprobateur d’une chouette non loin…

Au pied du buisson, un petit arbuste d’hamamélis ne cache qu’à moitié le caillou exutoire…

A une de ses branches un brin de tissus chamarré est resté accroché…

Se penchant pour le ramasser, il l’observe sous toutes ses coutures… s’enivre du subtil parfum synthétique en exhalant …

Il le sert dans son poing fébrile, puis se relève…

Sans convictions il reprend sa marche perdue d’un pas irrégulier, puis…accélérant…

De petites foulées en grandes enjambées… relevant la tête, il se met alors à courir à toute jambes, d’autres larmes perlant plus abondamment sur son visage tiraillé par les doutes, entre tristesse, désespoir et rage. Il s’efforce vainement de ne plus penser à rien…

Dans cette folle course à l’oubli pour tenter de fuir l’idée d’une quelconque personnalisation de sa solitude affective, il déferle à en perdre haleine vers le village, animé par la perspective désespérée de retrouver son fragile cocon protecteur entre quatre murs…

..

.

Rentré, dépité, il s’écroule sur son lit, n’ayant plus de larmes inutiles à pleurer…

Il garde juste à côté de lui ce brin de tissus bien mystérieux… Il lui semble pourtant connaître ses fragrances mais… non… ça ne se peut…

Il ramène à lui sa couette, si chère couette… principale consolation… toujours présente… elle… qui ne puisse le décevoir ni le trahir…

Pitoyablement, il se serre lui-même dans ses bras… se blottit contre ses oreillers impassibles, recroquevillé…

Un peu de fatigue oui… beaucoup peut être… non… trop … il finit par s’endormir… dans la douceur de ses draps, l’espace d’un grand lit deux places, pour lui seul, rien que pour lui…

Un voyage onirique dont il n’a pas encore idée… Des rêves pour le moins agités.

Demain… c’est… la Saint Valentin et son cortège commercial de sollicitations irritantes…

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