Clarifications, réflexions et pistes de solutions pour troubles cognitifs.


Introduction :

Le sujet est vaste et je n’ai pas la prétention d’en faire le tour ni de maîtriser totalement le sujet, n’étant pas médecin, et encore moins neuro-psy.

Toutefois, ma propre expérience de ‘dys’, mes lectures, ainsi que le fait d’avoir pu aider d’autres enfants dys ou présentant des troubles cognitifs spécifiques par le passé font que je connais tout de même plutôt bien le sujet à mon échelle.

Au programme :

J’aborderai dans un :

– 1er temps, les TROUBLES DYS, leur nature, les difficultés qu’ils engendrent, et les conséquences directes sur la vie des personnes touchées par ces différentes formes de handicap neurologique puis psychologique. 

– 2ème temps, un peu de théorie du FONCTIONNEMENT DU CERVEAU, des différentes zones qui le composent et, sommairement, son mode d’interaction avec le corps.

– 3ème temps, d’AUTRES CAS de figures de troubles COGNITIFS ET NEUROLOGIQUES qui ne rentreraient pas forcément directement dans la ‘famille’ des ‘dys’. 

– 4ème temps, à la lumière des 2 premières parties, des PISTES pour MIEUX APPRÉHENDER, PRÉPARER, ATTÉNUER, OU CONTOURNER SES TROUBLES OU LEURS CONSÉQUENCES.

Précisions préliminaires :

Avant toute chose, en parlant de troubles cognitifs, je précise que j’évoquerai d’abord principalement les troubles dits spécifiques des apprentissages. Ils font référence aux difficultés d’apprentissage NON LIÉES à un retard intellectuel ou à un handicap sensoriel.

Car contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, il ne s’agit PAS dans ces cas d’un problème de FACULTÉS INTELLECTUELLES défaillantes de l’enfant, MAIS bien d’un DÉFICIT NEUROLOGIQUE qui touche des régions spécifiques du cerveau.

On parle en général souvent de l’enfant, et de l’apprentissage, car c’est là où presque tout se joue dans la construction de l’enfant présentant ce genre de troubles.

Les premières années de découverte de la vie des enfants sont des années clefs pour l’acquisition des fondamentaux tels que la confiance en soi, la socialisation, la notion du temps, la construction de repères, et le langage. Et très vite suivent les apprentissages scolaires mais aussi parentaux plus avancés et constructifs que les troubles dys peuvent très rapidement freiner, entraînant ainsi des retards d’assimilation des connaissances de bases nécessaires à l’épanouissement des enfants, une perte de facultés et d’aptitudes, une fragilité psychologique, …  Bref, beaucoup de choses se jouent dans les 1ères années de vie où l’humain se ‘construit’ le plus.

Les zones du cerveau touchées généralement lorsque l’on présente des troubles ‘dys’ sont celles de l’hémisphère gauche (pensée séquentielle et analytique permettant l’apprentissage des langues, de la lecture, du calcul, de la gestion du temps et des gestes techniques).

Développons donc davantage ces troubles spécifiques des apprentissages dit troubles “dys”.

Nous pourrons ensuite évoquer d’autres troubles cognitifs ou neurologiques.

Encore une fois, je ne suis PAS MÉDECIN ni neuro-psy, mais je me suis documenté pendant bon nombre d’années afin de mieux comprendre mes propres troubles, et aider d’autres personnes dans le même cas que moi ou présentant d’autres troubles ‘dys’.

N’hésitez donc pas à me corriger si je fais fausse route dans mes réflexions ou que mes propos sont trop approximatifs même si le but est que ces écrits restent abordables sans bagage médical.

1 – Les troubles ‘dys

1.1 – Présentation générale

ORIGINE :

Les troubles ‘dys’ sont directement liés à des DYSfonctionnements du cerveau.

QUI :

En recoupant des études que j’ai pu lire par le passé, ces troubles principalement répertoriés pendant l’enfance, toucheraient près d’une personne sur 20 (chiffre à relativiser énormément).

Ils varient en effet énormément dans leur nature, leur intensité, et leurs répercussions suivant les personnes.  

CLASSIFICATION :

On peut les regrouper suivant 5 catégories principales :

  • troubles     du langage : dysphasie (oral), dyslexie / dysorthographie (écrit)
       
  • troubles     psychomoteurs et de repérage dans l’espace : dyspraxie
       
  • troubles     de l’attention, de la concentration et de l’exécution
       
  • troubles     de la mémoire
       
  • troubles     des activités numériques

QUAND :

Généralement innés, ces troubles cognitifs se manifestent le plus souvent pendant l’enfance. Ils sont souvent particulièrement manifestes pendant les 1ères années d’école au contact des autres hors du ‘cocon’ familial.

Ils peuvent également advenir à la suite de traumatismes cérébraux.

Ces troubles perdurent toute la vie même s’ils peuvent s’améliorer avec le temps, les habitudes, méthodes et traitements éventuels adaptés.

CONSÉQUENCES :

Dès le plus jeune âge, ils créent des retards dans les apprentissages précoces du langage, de l’expression, de la compréhension, du comportement affectif, de la socialisation, …

Ces troubles sont à échelles variables, une forme de handicap nuisant à la réussite scolaire, sociale et professionnelle. Ils peuvent engendrer l’isolement, la perte de confiance, des déséquilibres psycho-affectifs…

Ils constituent dans tous les cas une gêne + ou – importante au développement et à l’épanouissement personnel.

1.2 – Approfondissement de chaque catégorie de troubles ‘dys’ :

Pour mieux repérer et comprendre la nature de ces troubles et leurs manifestations, faisons de détail par catégorie.

1.2.1 – Troubles du langage : 

       1.2.1.1 Dyslexie / dysorthographie (écrit)

Altération significative des aptitudes à la LECTURE (dyslexie) ou à l’ÉCRITURE et orthographe,

ces TROUBLES DE L’APPRENTISSAGE apparaissent souvent au CP avec une difficulté à assimiler l’alphabet. Stade plus handicapant encore, certains ‘dys’ sont incapables, indépendamment de leur volonté, de se souvenir de la forme visuelle des mots ainsi que de les reconnaître.

Conséquences directes courantes :

  • Identification     des mots difficiles avec des erreurs d’interprétation cumulées
       
  • Lecture     lente et hésitante
       
  • Compréhension     fastidieuse et parfois erronée des textes
       
  • Écriture     limitée dans l’orthographe avec de multiples fautes récurrentes     à défaut de mémorisation et reconnaissance normale des mots.
       
  • Écriture     lente, difficile, et peu lisible
       
  • Grande     fatigue à la lecture ou l’écriture


       

Ces difficultés peuvent être aussi accompagnées de troubles du calcul, de la coordination motrice (graphisme surtout) ou de troubles d’attention.

Le cumul n’est hélas pas rare et vraiment très handicapant.

De ces conséquences directes peuvent découler d’autres désagréments que l’on ne se représente pas toujours lorsqu’on ne les vit pas :

  • Perte de l’envie de lire ou d’écrire devant une difficulté     décourageante, entraînant un retard de connaissance important en     particulier dans les matières littéraires (moins dans les sciences     généralement)
       
  • Mécompréhension des énoncés aux examens, en cours ou dans la vie courante et     professionnelle, engendrant des erreurs alors que les leçons et     principes travaillés sont pourtant acquis.
       
  • Tenue     des cahiers dégradée avec des cours et énoncés peu lisibles,     incomplets, souvent incompréhensibles ce qui complique et altère     la compréhension des leçons et la réalisation des devoirs.
       
  • Perte de productivité en raison d’un temps d’écriture plus     conséquent que la moyenne
       
  • Résultats de travail assimilé compté comme faux quand la copie est peu     lisible ou qu’il manque des mots occultés, ou transformés     involontairement pas le ‘cerveau’ du dys indépendamment de sa     ‘volonté’.
       
  • Résultats scolaires en dessous des efforts fournis, redoublement plus     fréquents, scolarité plus difficile nécessitant des adaptations
       
  • Réorientation     professionnelle contrainte et restrictives parfois frustrantes     malgré une grande volonté et un travail acharné
       
  • Écriture fastidieuse ou erronée de lettres administratives, CV, petites     annonces, tests d’embauche, … et leurs conséquences
       
  • Perte     de confiance en soi et fragilité psychologique.

   1.2.1.2  Dysphasie (oral)

Il s’agit de troubles d’EXPRESSION ET COMPRÉHENSION ORALE comme une prononciation pénibles et déformée des mots, une parole saccadée, des erreurs de syntaxes récurrentes, …  

 mais aussi des difficultés de compréhension des paroles de l’autre, de reconnaissance des mots, des intonations, des émotions ou sentiments…

Conséquences directes courantes : 

– Propos peu clair avec une grammaire orale non maîtrisée

– Phrases incomplètes ou peu construites avec peu de variété de mot

– Expression des sentiments difficile et souvent incomprise

– Dialogue altéré et transmission orale d’informations limitée

– Mécompréhension régulière de l’oral d’où un retard à l’apprentissage et des réactions souvent incomprises et inadaptées.

Là encore, il arrive que dysphasie et dyslexie soient toutes deux présentes, auquel cas le handicap est plus important encore, même si son intensité peut varier.

Désagréments (non exhaustifs) en découlant dans la vie courante :

– Communication défaillante auprès de la famille, des collègues, des camarades d’école, … 

– Inadaptation du comportement, mécompris des autres

– Perte de crédibilité socio-professionnelle

– Difficulté d’intégration sociale et tendance à l’isolement 

– Apprentissage et intégration scolaire compliquées, décourageante et parfois blessante

– Perte de confiance en soi.

1.2.2 – Troubles psychomoteurs et de repérage dans l’espace : dyspraxie

Souvent manifestes dès le plus jeune âge, ces troubles nuisent au développement ‘moteur’, soit : 

– à la commande des gestes du corps, 

– au bon repérage visuel et à l’équilibre dans l’espace,  

– aux réactions adaptées du corps en fonction de la perception de l’environnement direct et des stimulis sensoriels  

– à la coordination des mouvements

On parle aussi suivant les cas de figure de troubles neuromoteurs, ou TAC, ou TDC.

Conséquences directes courantes :

– Maladresse, difficulté à contrôler ses gestes

– Gestes graphiques dégradés, difficulté psycho-motrice à écrire ou dessiner (dysgraphie).

– Déséquilibre, chutes et chocs réguliers

Concrètement, ça se traduit en particulier par des difficultés à:

– s’habiller, à se laver, à faire son lit ou ses lacets, …

– se servir d’outils 

     * scolaires (stylo, ciseaux, compas, règle, équerre, classeurs,…)

     * domestiques ( couverts, verre d’eau à remplir, poignées, balai, râteau, clefs, …)

     * professionnels ( machines et outils spécifiques, souris, scie, perceuse  …)

– conduire voiture (volant, pédales, … ), vélo, …

– ranger ou ordonner dans l’espace ( jouets dans sa chambre, livres dans une bibliothèque, affaires scolaires dans son cartable, vêtements dans une armoire, outils dans un atelier… )

– faire une recherche dans un dictionnaire, se repérer dans un document, analyser un graphique, …

– s’exprimer par des gestes quotidiens ( communiquer un sentiment ou une émotion par le geste, saluer, remercier, calmer, …)

– jouer d’un instrument de musique, pratiquer un art martial, faire du sport en particulier en équipe ( handball, arts du cirque, tennis, …)  

Les répercussions globales d’un tel handicap sont multiples et conséquentes :

– Manque d’autonomie au quotidien.

– Lenteur dans les actions

– Fatigue accrue

– Manque de capacité à s’orienter

– Difficultés à se repérer et se déplacer en véhicule ou à pied 

– Scolarité compliquée avec un apprentissage et une pratique des matières scientifiques, techniques, artistiques et sportives perturbé.

– Activités extra-scolaire / professionnelles ludiques et sportives limitées nuisant aussi à l’épanouissement

– Impact du handicap perdurant à l’âge adulte (mauvaise organisation, dysgraphie, …) 

– Perte de confiance en soi exacerbée encore une fois par le jugement des autres ‘ignorant’ les difficultés / le handicap du dys

– Dépression et isolement.

1.2.3. – Troubles de l’attention, de la concentration et de l’exécution 

Difficultés à se concentrer, facilité à être distrait, du mal de se mettre au travail :

Ces troubles précoces de l’attention et de l’exécution représentent un frein considérable au développement personnel.  Ils s’accompagnent parfois d’hyperactivité.

Ces handicaps rendent le maintien de l’attention spécifiquement limité dans le temps,

en favorisant des détournements d’attention, aisés et fréquents, captés par tous types d’évènements ou stimulis, gênant ainsi considérablement la concentration.

Ils se manifestent souvent par :

– une forte tendance à la distraction impromptue

– une grande impulsivité nuisant aux relations sociales

– une absence régulière avec une grande difficulté à se concentrer

 sur un travail

– Une conversation compliquée avec des oublis, et une irritation de l’interlocuteur

– Des réactions spontanées souvent inadaptées

En découlent souvent à différents degrés d’incidences concrètes :

– une perte significative d’efficacité nuisant aux activités scolaires et professionnelles

– des relations socio-familiales / professionnelles, scolaires, amicales, affectives tendues

– une complication des rapports à l’autorité et au respect des règles

– une fatigue conséquente à s’efforcer de rester attentif avec beaucoup plus de difficultés que d’ordinaire

– Angoisse, dépression et impulsivité parfois grandissantes en l’absence d’aménagements et suivi pendant l’enfance

– Isolement

1.2.4. – Troubles de la mémoire

Ce type de troubles peut toucher différents types de mémoires spécifiquement ou de manière cumulée : 

–     mémoire immédiate
–     mémoire à court terme
–     mémoire à long terme
–     mémoire de travail

Ils nuisent au développement de la mémorisation (acquisition et souvenir), deviennent le plus souvent manifestes autour de 5 à 6 ans, et persistent en général pour la vie entière

Manifestations :

–     Oubli des propos tenus dans une conversation tenue avec d’autres peu de temps après
–     Oubli répété des consignes données lues ou perçues
–     Perte de repère, d’orientation
–     Perte régulière d’objets
–     Perte du sens d’une lecture ou discussion trop longue en cours, ne se souvenant plus du début du flux de la réflexion


   

Retombées fréquentes sur la vie quotidienne :

–     Relations familiales et amicales dégradées devant les oublis répétés passant pour un manque de considération
–     Difficultés à retenir et donc apprendre de manière durable les cours. Accumulations de lacunes et retards d’apprentissage ne laissant souvent que peu de possibilités de carrières autres que     des métiers manuels, répétitifs ou pratiques.
–     Perte de crédibilité professionnelle devant les omissions (involontaires) répétés d’instructions passant pour des     négligences, de sérieux avec des pertes régulières de matériels     passant pour de l’ ‘étourderie’, de respect par l’oubli chronique d’échanges entre collègues,…
–     Complication systématique des conversations soutenues,     apprentissage des cours, compréhension des lectures, analyse des     réunions, …
–     Gestion des finances dégradée
–     Relations sociale familiale tendues
–     Isolement

1.2.5. – Troubles des activités numériques

On qualifie ce genre de troubles de dyscalculie. Il s’agit plus exactement à la base de troubles spécifiques des apprentissages altérant la capacité du dys à comprendre, interpréter, utiliser, ou communiquer à l’aide des nombres. Ils sont souvent le contrecoup d’autres troubles ‘dys’ tels que de l’attention, du langage, du repérage spatial ou de la mémoire.

Ces troubles ont souvent tendance à s’amplifier avec le temps et sont généralement permanents même s’il existe des approches et ‘gymnastiques du cerveau’ qui mises en œuvre permettent d’en atténuer ou détourner partiellement les désagréments.

Difficultés inhérentes courantes : 

– Au comptage et dénombrement.

– Nécessité d’utiliser doigts ou objets pour compter même de petites quantités.

– Reconnaissance des nombres et reproduction altérée des nombres (38 se transforme en 83, chiffre occulté, virgule déplacée, 9 devenant 6, …)  

– Assimilation fastidieuse des tables de multiplication

– Lenteur et erreurs régulières de calcul mental

– Opérations sur les nombres ( *, +, -, /, 150% de, 2x+ que, …= ) peu évidentes de manière récurrente malgré l’apprentissage répété.

– Transformation anormalement complexe des nombres (base 10 -> binaire -> hexadécimal, …) et des codes 

– Simple copie d’un énoncé, schéma ou calcul souvent erronée  

– Géométrie maladroite (repérage spatial défaillant)

– Mauvaise compréhension des calculs et énoncés

– A la résolution de problèmes

– …

Outre les difficultés considérables que cela représente pour l’apprentissage des mathématiques et sciences, les retombées sur la vie pratique d’un adulte sont multiples : 

– Difficultés à se représenter et à vérifier les sommes d’argent reçues ou dépensées, à faire ses comptes, à faire ses courses, …*

– Difficultés à lire, programmer, et gérer les durées, les heures ou les dates (problèmes d’organisation de trajets et voyages, de ponctualité, de gestion de son propre temps sur des projets professionnels, …)

– Difficultés à cuisiner (quantités à adapter), à trier (rangement), à se débrouiller pour certains travaux domestiques techniques (électricité, montage de d’éléments de cuisine, …)

– A convertir les devises, les distances et aires (voyage, affaires, immobilier, …) 

– …

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