La princesse des champs

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La demoiselle de son cœur n’était certes qu’une paysanne, mais elle était d’un naturel apaisant.

Sa famille n’était vraisemblablement guère riche, mais elle était d’une gracieuse simplicité.

De ces quatre sœurs, elle n’était ni la plus en vue, ni la plus richement habillée ou maquillée,

mais sa personnalité était d’une richesse incomparable à tous les apparats physiques dont ses sœurs auraient pu s’affubler.

Elle était fragile et parfois un peu naïve du monde dans lequel elle vivait, mais ceci ne faisait que la rendre d’autant plus précieuse et attachante.

De loin la plus besogneuse de sa famille, elle se chargeait des tâches les plus ingrates, mais ceci ne faisait que démontrer son dévouement et son altruisme.

Souvent, les villageois et sa propre famille même l’avaient insultée et calomniée, mais jamais elle n’avait relevé ses offenses, les évitant au possible, ou gardant sa peine pour elle seule, n’affichant qu’un sourire radieux aux gens :

Elle était chaleureuse et honnête.

Bien que considérée par ces sœurs et bien des villageois par méchanceté et stupidité, comme une moins que rien, elle était en fait un véritable petit ange de la miséricorde, crasseuse et pouilleuse certes étant donné la vie à laquelle son entourage la contraignait, la vie qu’elle avait accepté, mais très douée pour prendre soin d’une maisonnée et des gens qui reposent sur elle.

Cette sémillante demoiselle là, que si peu de gens prenaient le temps de bien considérer était cependant une perle rare. Très responsable, elle avait un cœur d’or.

Or, il advint un jour, où un jeune homme la rencontra alors qu’il travaillait au marché du village. Elle venait y vendre quelques récoltes qu’elle avait cultivées dans sa ferme.

Il lui acheta quelques légumes, et au moment de la transaction, ne s’étant pas aperçu de rien au départ, l’ayant pourtant déjà croisé… surpris son regard, si pétillant, si profond.

Captivé, émerveillé par ce regard d’une bonté infinie, il fut charmé.

Troublé, fébrilement, il remit généreuse somme sonnante et trébuchante à cette jeune femme qui sous cette misère semblait rayonner… une intuition ?

Il lui en remit plus qu’elle n’en avait demandé, argent qu’elle lui rendit.

Lui, confus, insista pour lui laisser, en gage de prix pour des produits de qualités.

Elle n’accepta cependant pas. Lui n’ayant en fait que peu d’argent, mais bien plus qu’elle cependant. Ça n’y changea rien.

Il avait toutefois les connaissances et les moyens de devenir bon artisan / marchand. Mais il n’en était pas encore là.

Quoi qu’il en soit, cette journée se passa quasiment sans qu’il ne la quitte des yeux.

Il l’observait, dans un état quelque peu second.

Sa voix… elle était des plus douce, si suave.

Son sourire était si chaleureux, un frisson de bien-être l’avait parcouru au moment où elle lui avait souri. Une sensation de plénitude.

Elle était discrète.

Ce jour-là, il se mit à pleuvoir.

Beaucoup démontèrent et rangèrent leur achalandage, mais elle, semblait avoir prévu une bâche qu’elle sortit de sa charrette à bœufs.

Elle resta sous la pluie, souriante, riante, dansant au gré des gouttes de plus en plus nombreuses qui venaient l’éclabousser, elle tournoyait, plein de joie d’une occasion pourtant si simple.

Elle avait le regard rivé au ciel. Elle se lava un peu sous cette pluie.
Cette pluie qui découvrit son visage de la crasse qui le ternissait.
Elle était vraiment belle, non pas un canon de beauté, mais d’un charme certain, bien plus subtil que la beauté la plus parfaite que l’on puisse communément imaginer.
La pluie tombant en fin rideau puis en trombes plus importantes l’obligea à se mettre à l’abri. Elle essora ses cheveux, cheveux qu’elle rejeta en arrière, découvrant ainsi davantage sous la lumière d’une torche crépitante auprès de laquelle elle était venu se réchauffer, un visage tendre à croquer, des lèvres fines, une aura d’humanité et de vitalité éblouissante aux yeux du jeune homme.
Sa peau qu’il imaginait soyeuse et douce sans même l’avoir touché, luisait, satinée, de l’eau de pluie sous cette lumière.
La pluie avait largement trempé ses vêtements, découvrant sous ces longs haillons, des formes insoupçonnées jusqu’alors, des courbes d’une générosité et d’une volupté troublante.
Pleine d’énergie, et tremblotante, elle sautillait pour se réchauffer et se débarrasser de cette eau froide qui risquait de la rendre malade.
Lui… fit feinte de passer par là, d’être surpris de la voir ainsi si peu couverte devant cette pluie, la fin de journée et la fraîcheur s’installant. Il lui prêta alors son grand manteau, qu’elle refusa au début, puis… étant observée de la sorte, par pudeur, qu’elle accepta finalement vivement, d’un sourire gêné. Elle éclata de rire et le remercia.

Elle… qui venait de prendre à ses yeux l’importance d’une princesse, la princesse … de son cœur…
La pluie cessant, ayant sympathisé, il l’aida à réunir ses affaires, puis à la tombée de la nuit, la raccompagna à sa ferme à quelques lieues de là.
En gentleman par le cœur épris, il hésita, ne sachant…
La salua… finalemen… avec le plus grand respect.
S’éloignant à regret…
Victime de préjugés nourris par les affabulations calomnieuses de son entourage,
Trompé par les voix dissonantes des mauvaises langues jalouses et médisantes…
De celle à qui avant de l’observer vraiment,…
Il finit, inspiré, par se voir livrer la vérité nue…
Objective de prime abord, évidente, puis…
A mesure de sentiments croissants…
D’une délicieuse subjectivité qui déjà le tiraillait…

« Ce que la voix peut cacher, le regard le livre »

La suite… Je vous en laisse libre imagination.

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