Fleuve de la vie

Notre vie n’est pas un long fleuve paisible le long duquel on puisse se laisser flotter sans s’interroger.

Bébés on s’y risque naturellement,
Sous une surveillance maternelle espérée bienveillante…

Enfants on peut patauger dans un généreux bassin versant,
Au gré de notre curiosité, protégés par des branches parentales attentionnées.

Sous leur gouvernance, nous imitons et améliorons notre brasse et nos battements de pieds…

Adolescents, le lit du fleuve s’élargit à mesure que de nouvelles perspectives s’offrent à nous.

Au fil de l’eau, le temps de devenir adultes,
Notre entourage proche nous apporte planctons et algues nourricières. 

Qu’idéalement avec son aide, sinon par nos propres moyens,
Il nous faudra non plus, dépendants, qu’avaler,
Mais bien apprendre à quérir pour nous sustenter par nous même…

Bien qu’ayant alors appris les rudiments de la nage et de la chasse, 

Avec l’âge viennent les tentations :

Celle du chant d’une sirène aguichante qui, 

Pour les plus sensibles aux coeurs encore bien tendres,
Flottants naïvement sur de fragiles bouées sentimentales,

Attire et charme par de beaux sourires et chaleureux propos coulants,
Mais trop souvent finit par tromper, percer nos bouées gorgées de sentiments,
Dégonflant brutalement nos tendres espoirs, évacuant dédaigneusement notre amour,
Prenant le large sans se retourner, nous laissant chavirer, couler dans le tourbillon de nos émotions.


Confiance et sincérité ne sont hélas pas toujours qualités qui coulent de source,

D’autant plus que les eaux souillés de notre société pervertie souvent les corrompent… 

Celles de la facilité,
Eaux du confort immédiat qui sous un rayon de soleil passager,
Plus attirantes que d’autres eaux certes plus méritoires mais difficiles d’accès,

Prennent au premier regard un éclat cristallin fugace,
Nous entraînant aisément tels d’insouciants paresseux en fait,
Vers les bords brumeux de falaises abruptes aux possibilitées limitées…
Que nous pourrions heurter à trop les côtoyer, perdant alors conscience,

Dérivant ainsi dans des eaux plus sombres encore…

Celle des promesses alléchantes en amont mais illusoires,
Mirages lointains nous détournant de nos eaux connues,
Nous guidant ailleurs, tels de crédules petits poissons,
Affluant dans d’autres cours d’eau plus tumultueux,
Où soudainement en aval si l’on ne s’en rend compte,

Surpris et déstabilisés, on finit par perdre pieds…
Et couler sans trop faire de vagues…

Celle de l’ambition démesurée d’être de toutes les eaux,
S’affranchissant de certains de nos principes,
Délaissant ou parfois trahissant nos proches…
A vouloir avidement progresser trop vite,
Sans le soutien patient d’un solide radeau de prudence,
Nous éloignant sans scrupules du chenal affectif du fleuve,
Laissant les eaux salvatrices nous portant s’assécher,
Commençant par nous heurter trop confiants,
Aux méandres d’un terrain fluvial trop rude,
Finissant à sec par ne plus pouvoir nager,
Faisant inexorablement naufrage,
Avant même d’atteindre le convoité fleuve luxueux,
Bordé d’une luxuriante mais inaccessible ripisylve. 


Celle de l’indécision du cours d’eau à emprunter,
Cherchant toujours la simplicité d’eaux plus claires,
Pour changer encore et sans cesse d’avis et direction,
Rejoignant d’abord l’embouchure de confluents multiples,
Optant pour un autre fleuve aux eaux trop vastes,

Se déversant alors plutôt dans une rivière trop rapide,
Changeant ensuite pour une autre rivière trop sauvage,
Optant finalement pour une ravine tropicale chaleureuse,
Qui hélas très vite avec les pluies abondantes
Se transforme en torrent aux rapides trop violents,
Changeant alors à la première occasion,
Pour un calme ruisseau serpentant entre rocailles dans la forêt,
Aboutissant malencontreusement à un oued très vite tarissant,  
Se transformant en filet d’eau se raréfiant,
Terminant par une flaque d’eau stagnante,
Echoués… à trop hésiter…

Celle de la routine,
Dans des eaux certes opaques mais tellement chaudes,
Nous berçant doucement loin des turbulences des eaux incertaines,
Flottant ballotés par le clapotis régulier des habitudes ancrées,
Nous confortant inconsciemment, endormant notre vigilance,
Bridant, assoupis, notre expérience de la vie,
Ne faisant que garder la tête à flot…
Nous enfermant dans une vie sans intérêts…

Celle de la corruption,
Accès convenu accéléré à des eaux rares et poissonneuses,
Sans avoir à traverser de torrents cahoteux trop éprouvants,
Ni même à fournir dur labeur tel d’autres plus honnêtes….
Au mépris des bonnes convenances et de l’éthique…
Séduits par des vagues doucereuses,
Noyant ses scrupules pendant un temps,
Mais à mesure que notre conscience bouillonne,

Nous emportant vers des eaux troubles…
Refluant vers de courants saumâtres,
Finissant moralement par échouer,
Dans les eaux croupissantes de la honte.

..

.


Face à toutes ces tentations il nous faut donc rester vigilants,
Savoir bien s’entourer et respecter nos proches..


Tantôt flottant, tantôt navigant, tantôt déferlant,
Toujours nageurs à l’esprit éveillés à la faveur de fluides choisis,
L’essentiel est de ne point stagner tant notre vie s’écoule rapidement…

Dans le Rhithron plaire à se baigner,
Descendre tremper au Potamon près de l’estuaire,
Pour remonter vers le Crénon prendre une bouffée d’air rassérénante …


Il peut bien sûr nous arriver de céder quelques temps,
A certaines tentations humaines potentiellement délétères,
Qu’il nous faut toutefois apprendre à reconnaître,
Pour ne pas s’y ancrer au risque de sombrer…

Il serait en outre également bien dommage,
De ne faire le choix que de la simplicité,
Mais plutôt bénéfique parfois de ne pas trop hésiter,
A emprunter des cours d’eaux moins connus…
Se laisser au moins une fois dans sa vie,
A la fantaisie de cours d’eaux souterrains,
Disparaître un temps à travers une perte calcaire,
Se laisser balloter à travers des karsts irréguliers,
Profiter d’une résurgence pour remonter à la surface…
Pour mieux l’apprécier à nouveau…. 


Pour les plus chauds canoteurs d’entre nous,
Tentez les vivifiants cours d’eaux supraglaciaires,
Brillants sous l’éclat radieux d’un soleil…
Au milieu de glaciers d’un blanc immaculé,


Plouf !

Au hasard d’un courant non maîtrisé souvent capricieux,
Il nous faut demeurer réfléchis et réactifs.


Vivre ne se fait pas sans risques… 
Il est important de savoir faire preuve d’audace…

Aux caprices des remous hasardeux de l’eau…
A force d’ahans nous devons gagner en vigueur.

Vivons des aventures, dépassons nous,
Apprenons toujours de nos déboires afin de Grandir,
Sachons remettre en question notre mode de nage si le terrain vient à changer,
Nous épanouir malgré les courants violents, froids et chaotiques
Qui pourraient confluer vers nous…. 


Alors…

On plonge ?

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